Protection
La corrosion filiforme, qu’est-ce que c’est ? Et comment s’en prémunir ?
Les professionnels de l’aluminium présents sur le marché à cette époque s’en souviennent : au cours des années 1990, le taux de sinistralité élevé constaté en bord de mer est venu bousculer le marché de la menuiserie en France. Au premier rang, sur le banc des accusés, figure alors une forme de corrosion spécifique aux matériaux peints : la corrosion filiforme.
La corrosion filiforme, qu’est-ce que c’est ?
Cette corrosion de l’aluminium s’initie au niveau des défauts d’un revêtement puis se propage entre le support aluminium et la peinture. Elle est particulièrement redoutée car, bien qu’elle ne compromette pas la solidité structurelle de l’ouvrage, elle peut gravement nuire à son apparence. L’oxydation apparaît sous la couche de peinture, sous la forme caractéristique de filaments très fins, presque invisibles – quelques millimètres de long et un dixième de millimètre de large. Des filaments qui prennent généralement naissance au niveau des bords, des arêtes, des découpes, ou des zones endommagées du revêtement (rayures, etc.) et vont s’infiltrer entre le métal et la peinture, formant progressivement comme une minigalerie de taupe… Jusqu’à provoquer des « cloques » sous la peinture, et finalement son décollement : c’est la corrosion filiforme.
Quelles sont les causes de la corrosion filiforme ?
La recherche montre que les causes possibles de la corrosion filiforme peuvent être nombreuses. Cette altération est un phénomène complexe dépendant notamment de l’humidité du milieu environnant, de la nature du revêtement et de l’interface entre le métal et la peinture. La présence de chlorures notamment accélère le processus de corrosion aluminium.
Environnements propices au développement de la corrosion filiforme
La corrosion filiforme tend à se développer en particulier dans des atmosphères corrosives ou à forte hygrométrie, et lorsque des traces d’acides, de bases ou de sels sont présentes dans les fissures du revêtement de peinture. Des conditions que l’on rencontre fréquemment dans les environnements des bandes côtières, des centres urbains, des milieux industriels ou avec une hygrométrie moyenne importante. Les bords de mer sont particulièrement vulnérables en raison de la salinité élevée de l’air, qui favorise l’accumulation de chlorures sur les surfaces peintes. De même, les milieux industriels peuvent contenir divers contaminants chimiques qui accélèrent la corrosion, tandis que les zones urbaines présentent souvent une combinaison de polluants et d’humidité élevée, créant un environnement idéal pour la propagation de la corrosion filiforme.
Corrosion et aluminium : l’influence de la composition des alliages
La composition des alliages d’aluminium joue un rôle fondamental dans la susceptibilité à la corrosion filiforme. Les alliages contenant des éléments comme le cuivre sont particulièrement vulnérables. Le cuivre, bien qu’il améliore certaines propriétés mécaniques de l’aluminium, a tendance à favoriser la formation de sites anodiques et cathodiques différenciés, ce qui peut accélérer les processus de corrosion. D’autres éléments-traces, tels que le fer ou le zinc, peuvent également influencer la réactivité de l’alliage et sa propension à subir une corrosion filiforme.
Corrosion aluminium : comment s’en prémunir ?
Afin de prévenir le risque de corrosion aluminium, chaque maillon de la chaîne de qualité a un rôle à jouer, de la conception à la fabrication, jusqu’à la pose et l’entretien. Au niveau du traitement de surface, la certification Qualimarine est la solution éprouvée depuis plus de vingt ans.
Initiée en 1996 pour répondre de manière efficace au problème de la corrosion filiforme, et après quatre années de recherche scientifique, la réflexion de la profession a abouti à la création de la certification Qualimarine. Une certification qui fixe un cadre exigeant pour des pièces en aluminium thermolaquées de qualité supérieure destinées à l’architecture. En particulier, Qualimarine est la seule certification qui intègre un contrôle rigoureux de la composition des alliages. La nature du métal et le traitement chimique conditionnent le mécanisme de propagation de la corrosion. Il est donc essentiel de veiller au choix de l’alliage d’aluminium, qui doit notamment avoir une faible teneur en cuivre et autres impuretés métalliques. Le traitement de surface préparatoire avant peinture est également déterminant : pendant la transformation (filage ou laminage), une fine couche recristallisée se forme à la surface du métal. Cette couche est très réactive et doit donc être éliminée pour éviter le risque de corrosion filiforme. Au cours du processus de traitement de surface avant thermolaquage, Qualimarine impose des décapages chimiques renforcés, alcalin puis acide, qui dissolvent la couche superficielle des pièces pour débarrasser l’alliage des impuretés. Une stabilisation chimique crée ensuite une couche de conversion qui constitue une barrière supplémentaire contre l’oxydation. Ce procédé permet de créer une surface uniformément réactive, plus propice à l’adhérence du revêtement. Après séchage, le dépôt d’une épaisseur suffisante de peinture poudre a un effet barrière contre les infiltrations. Enfin, une cuisson maîtrisée, généralement entre 180 et 190°C, fixe durablement les performances de la laque. Des prescriptions d’entretien sont fournies avec les pièces aluminium laquées pour prolonger leur durabilité.
Aluminium et corrosion : améliorer la durabilité esthétique des ouvrages
La certification Qualimarine contribue à améliorer la tenue esthétique des ouvrages, réduisant ainsi les coûts de maintenance et de remplacement. Conçues pour résister à la corrosion aluminium dans les conditions atmosphériques les plus sévères, les pièces aluminium certifiées Qualimarine bénéficient d’une excellente protection contre la salinité du climat littoral, mais également contre les UV, la pollution et toutes les agressions liées à une forte fréquentation en milieu urbain. La certification est donc également conseillée, entre autres, pour les devantures d’immeubles et les centres commerciaux, dans les espaces urbains ou industriels, ou encore dans les environnements à fort taux d’humidité… Et plus largement, pour tous les types d’environnements*.
* en atmosphères marines jusqu’à E18 (NF P 24-351).
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